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« C’est pas classe », l’école de demain entre réalité et science-fiction

Photo du rédacteur: Marcelin BerthelotMarcelin Berthelot

L’autrice de ses lignes a passé un moment à lire et regarder de la Science-Fiction, à se renseigner à la radio sur les réformes qui se préparent pour le collège. Elle a imaginé une journée dans une classe de Troisième en 2054.



© Rawpixel


À moi dans trente ans.

 

Il est 7h45 et je descends de l’électrobus. Sur le point de lancer un « Au revoir » au chauffeur, je me reprends tout de suite : la cabine est vide, seuls clignotent quelques voyants bleus et verts qui indiquent que tout est en ordre. Depuis deux ans, les bus sont entièrement automatisés, même en banlieue… une initiative qui avait émergé après les JO de 2024 et les protestations des chauffeurs face à la surcharge de travail. « Bonne journée ! Et n’oubliez pas vos 50 minutes d’exercices journaliers » susurre une voix synthétique faussement enjouée depuis les hauts parleurs de la station, mais je suis déjà loin.

 

Le portail robotisé argenté s’entrouvre, je vois des élèves de Sixième agglutinés dans la cour en train de jouer avec leurs multi-jouets. En observant le badge de leur uniforme, on distingue un rongeur, un mulot, on sait donc qu’ils font partie des « Insignifiants ». 


Je passe le portail, je traverse le couloir du premier étage et au deuxième étage, j’arrive enfin devant la salle attribuée à ma classe, celle des «Buffles». Il y a trois classes de niveaux différents, dont les critères ont été fixés par le ministère. Ceux qui ont les résultats les plus bas sont les « Mulots » :  l’Etat leur a attribué des uniformes blancs pour les filles et gris pour les garçons. Il y a ensuite les «Buffles », les élèves avec des notes passables : l’État nous a attribué des uniformes bleus pour les filles, verts pour les garçons et un badge en forme de tête à cornes. Et enfin ceux que l’État qualifie de meilleurs élèves, les « Indestructibles», l’État leur a attribué des uniformes dorés pour les filles, noirs pour les garçons et un badge en forme d’aigle. La loi des classes par niveau a été appliquée à tous les collèges de France le 1er septembre 2024 et les uniformes peu près, en 2026.


Je suis en troisième au collège Attal 1. Depuis 2034, les noms des collèges ont été choisis parmi ceux des ministres et des présidents français. J’ai toujours connu les classes par niveau, les électrobus, les multi-jouets, les hologrammes* et les Smartfly**. La sonnerie retentit, Mme Jeanne nous appelle en faisant clignoter une lumière bleue et verte. J’entre dans la classe, je m’assois à ma place habituelle et prends mon matériel, stylos bleus et verts, tablette bleue et holo-manuel vert de Français.

 

C’est la récréation, les « Insignifiants » se ruent dans la cour, l’une d’elles me fait signe discrètement, je lui souris mais elle garde ses distances, les mulots ne sont pas censés nous distraire. Les « Indestructibles » marchent les uns derrière les autres, ils me lancent un regard de dénigrement, je trace mon chemin. Une seule « Indestructible » ne me prend pas de haut, c’est Elie, c'est mon amie. Je descends dans la cour la rejoindre.

 

Une heure plus tard, je suis en philo-anglais, Mme Fauster nous donne à lire « Origine des espèces » de C. Darwin et une dissertation à faire dessus pour le prochain cours.

 

À 18h30 comme tous les jours, je sors du collège avec Elie, je l’accompagne chez elle et lui demande ce qu’elle a comme devoirs. Elle me répond :

- J’ai une dissert’ à faire en Français sur « La Comédie humaine » de Balzac, un DM d’algèbre et un contrôle de SVT sur la cellule musculaire. Et toi ? 

 

Après l’avoir déposée, je me prends un cookie aux noix de pécan de chez « La Rêveuse d’ombres », avec un nombre de calories calculé précisément pour mon poids et ma taille, puis direction l’électrobus, à l’heure comme toujours.  Une fois chez moi, je me mets à mes devoirs et une fois que j’ai terminé, je prends mon journal et écris en grand :

"À moi dans trente ans…"


* hologramme : image en 3D qui semble flotter dans les airs

** Smartfly : smartphone volant connecté à son/sa propriétaire par une puce implantée sous la peau

 

LSK

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