2013. Bali, Indonésie.
Le plastique fait des ravages dans la ville de Bali. Les bords de route en sont couverts, il flotte dans les rivières, bouche les canalisations. Il tue l'éco-système marin, qui finit par se retrouver dans nos assiettes. Ce n’est pas complètement par hasard puisque l'Indonésie est le pays qui déverse le plus de plastique dans les mers et océans après la Chine.
Deux sœurs balinaises, Isabel et Melati, alors âgées de 10 et 12 ans, prennent conscience de la gravité de la chose en assistant à un cours sur les personnalités qui ont changé le monde. “Et si on pouvait faire quelque chose nous aussi ?” se disent-elles. La question ne se pose pas, le plastique à Bali, c’est ça que les jeunes filles, encore au collège, veulent transformer.
Aussitôt, elles imaginent une campagne de nettoyage de la ville, appelée “Bye Bye Plastics Bags”, qui va vite se concrétiser.
Quelques semaines plus tard, debout derrière un camion à plateau, munies de mégaphones, elles demandent à tout Bali de les aider pour une journée de nettoyage, répartie en 115 sites. Des milliers de personnes viennent les aider.
Mais elles ne s’arrêtèrent pas là. Elles lancent une pétition pour éliminer pour de bon le plastique de Bali. 6 000 signatures en une journée, en quelques mois, le nombre monte à 77 000. Après une journée passée dans l’aéroport de la ville, elles récoltent en plus 10 000 signatures. Elles installent aussi des stands d’information sur les marchés locaux, elles créent une brochure à l’attention des élèves de primaire. Au bout d’une année, la pétition a atteint les 90 000 signatures, et le village voisin de Desa Pererenan a vu l’usage des sacs plastiques chuter de 60%. De plus en plus de personnes rejoignent le mouvement.
Mais pourtant, aucune réaction de la part du gouverneur de Bali. Melati et Isabel, en s’inspirant de Gandhi, font une grève de la faim, du lever au coucher du soleil. Le lendemain, le gouverneur signe un accord avec ces dernières pour interdire la mousse de polystyrène, les sacs en plastique et les pailles de l'île à compter de 2018.
Les sœurs appellent aussi les commerces, restaurants, hôtels à s’engager à réduire leur usage du plastique, en affichant l’autocollant de la campagne. Et elles continuent d’agir : en 2015, elles contribuent à l’interdiction des sacs plastiques au Liban, rencontrent pour la première fois les représentants du gouvernement, donnent une conférence à Londres, qui a un grand succès.
Que sont-elles devenues depuis ?
La paire a été nommée deux des 25 adolescents les plus influents de 2018 par le magazine Time.
En 2019, sort un film documentaire sur Melati Wijsen intitulé Plus grand que nous. Le film a été réalisé par la réalisatrice française Flore Vasseur et produit par Marion Cotillard.
Aujourd’hui, Isabel et Melati ont 17 et 19 ans. Melati a été plus exposée médiatiquement ces derniers mois, tandis qu’Isabel s’est focalisée sur ses études, ainsi que sur sa santé, après avoir découvert qu’elle était atteinte d’une maladie liée au dysfonctionnement de son système immunitaire.
En 2020, elles ont fait l’objet d’un article dans l’édition papier du New York Times (l’équivalent américain du journal Le Monde). Dans cette interview, Melati déclare qu’elle avait espéré que cette année, à présent derrière nous, serait une année productive, et engagée. Mais celle-ci a été perturbée par la pandémie mondiale. Elle a donc été une “militante à domicile” avec sa sœur, en créant un réseau social parent-enfant, Youthopia, visant à éduquer les jeunes sur le sujet de l’écologie.
Je tiens à finir cet article par une citation d’Isabel :
«Nous, les enfants, ne représentons peut-être que 25% de la population mondiale, mais nous sommes 100% de l'avenir»
Esther D.W
Sources:
Le site de Melati et Isabel : http://www.byebyeplasticbags.org/
Celui de Youthopia : https://app.youthopia.co/
L’article dans le New York Times : https://www.nytimes.com/2020/07/03/world/asia/bali-sisters-plastic-climate-change.html?searchResultPosition=1
Leur page Wikipédia : https://en.wikipedia.org/wiki/Melati_and_Isabel_Wijsen
Le livre Demain la Terre, de Lily Dyu et Amy Blackwell (disponible au CDI).
Félicitations pour ce bel article Esther. Très intéressante, l'initiative de ces jeunes indonésiennes.