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Voir le Japon autrement : châtaigne et marron

Photo du rédacteur: Marcelin BerthelotMarcelin Berthelot

Le Japon ne se résume pas au manga et à l'anime. Il a aussi une culture, des traditions et des coutumes trop peu connues de nos jours. Dans cet article, je vais vous parler de deux fruits présents dans la gastronomie japonaise, souvent confondus : on nomme marron la châtaigne grillée, alors que le marron, Aesculus Hippocastanum est réputé non comestible.


Au Japon, la confusion n'a pas lieu car les caractères sont bien différents. Le marron connu au Japon est une autre variété Aesculus Turbinata Blume, amère et astringente en raison de la saponine et du tanin contenus. Autrefois dans certaines régions du Japon où la production de riz était insuffisante, ce marron constituait la base de la nourriture, une fois réalisé le long traitement destiné à en éliminer l'amertume.



On sait aujourd'hui que la saponine est un tensioactif naturel qui permet de maîtriser le taux de cholestérol et d'éliminer certaines graisses. On a trouvé un effet bactéricide, une action sur les acariens et les poux. Par son action bénéfique sur la circulation veineuse, il a une influence sur l'aspect de la peau, l'urticaire ou les hémorroïdes, le taux de glycémie, la santé de l'estomac ou l'obésité. Le traitement permettant de réduire l'amertume et l'astringence, qui consiste en plusieurs étapes de lavage, de décortication, d'élimination de la fine peau à la surface de l'amande, rinçage... dure plusieurs mois et fait l'objet de secrets de fabrication.

Au cour des âges, le kanji du marron au Japon a évolué à la forme la plus récente, aussi une des plus simples, il fait intervenir le symbole de la myriade, 万, qui pourrait se signaler [to] et [tchi]. Or [totchi] est justement la prononciation du kanjje , donc le nom du fruit en japonais. On trouve à l'occasion au Japon des comptoirs de restaurants faits de bois massif de marronnier, dont le bord suit le profil un peu irrégulier du tronc, le tout faisant la fierté du patron car souvent c'est à partir de ce comptoir que naît l'ambiance du lieu.

A cent kilomètre au nord de Tokyo se trouve le département de Tochigi dont le nom est celui de chef-lieu choisi lors de la création du département en 1872, vers le début de l'ère Meiji qui a vu la naissance du Japon administratif moderne . Cette région regorgeait de marronniers qui donnèrent leur nom au lieu.

Le châtaignier est aussi courant au Japon, et son kanji montre montre le dessin d'un bogue au dessus de l'arbre signifiant qu'à la chute des châtaignes, les bogues restent sur l'arbre. Vrai ou pas, ce détail permet en tout cas de retenir le tracé du caractère ! Le nom japonais est Kuri, qui rappelle l'adjectif Kuroi, noir, ainsi qu'une prononciation ancienne de la pierre qui serait aussi [kuri].

Enfin, pour conclure ce bref exposé, ce détail intéressera les gourmands : on trouve souvent dans les pâtisseries au Japon une friandise faite à partir de châtaignes : le kuri manjû.

Il ne vous reste plus qu'à expliquer à vos amis japonais que les marrons ne sont pas des châtaignes, mais que les marrons glacés ou grillés en sont. Comprenne qui peut.


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Oki



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