Portrait de femme : Joséphine Baker, une femme au Panthéon

De son vrai nom Freda Joséphine McDonnal, Joséphine Baker est entrée au Panthéon le 30 novembre dernier. Ce bâtiment, qui abrite les restes des "grands hommes ayant mérité la reconnaissance nationale", ne rend hommage à ce jour à seulement 6 femmes (sur 81) dont une entrée uniquement pour accompagner son mari (il s'agit de Sophie Berthelot, femme du chimiste Marcellin Berthelot).

Après Marie Curie, Germaine Tillion, Geniève de Gaulle-Antonioz et Simone Veil, cette Afro-Américaine est donc la 5ème femme panthéonisée elle même et la 1ère femme de couleur.

Joséphine Baker est née le 3 juin 1906 à Saint-Louis dans le Missouri ( état du Sud-Est des États-Unis ). Eddie Carson - qui est désigné comme son père - quitte le domicile familial en 1907, laissant Carrie McDonnal ( sa mère ) seule. Celle-ci se remarie peu de temps après avec Arthur Martin, un ouvrier.

La famille Martin s'agrandit peu à peu : Carrie et Arthur ont trois autres enfants : Richard, Margaret et Willie Mae.

Malheureusement, ils sont pauvres et comptent en partie sur le salaire de Joséphine.

En effet, elle est d'abord engagée chez une certaine Mme Kaiser qui la bat, la fait dormir à la cave et va même jusqu'à la brûler volontairement. La patronne n'est pas poursuivie : on est en 1914. Elle enchaine les métiers : serveuse, femme de ménage...

Joséphine finit par se marier en février 1920 avec Willie Wells, toujours pour survenir aux besoins de sa famille. Elle n'a que 13 ans. Le mariage ne dure pas et ils divorcent avant la fin de l'année. Joséphine, qui a toujours dansé, intègre un trio de rue dès l'année suivante. Le trio rejoint rapidement un groupe itinérant, les Dixie Steppers. Ensemble, ils sillonnent les États-Unis et c'est lors d'une de leur tournée en Philadelphie que Joséphine rencontre celui qui deviendra son prochain mari : Willie Baker. Ils s'installent ensemble et Joséphine - devenue Baker - danse dans un petit théâtre pour un salaire modeste.

Cependant, Joséphine voit grand et rêve de danser à Broadway. Alors, âgée de 16 ans seulement, elle quitte son deuxième mari pour tenter sa chance à New-York. Là-bas, après avoir enchainé plusieurs postes dans des spectacles de music hall, elle rencontre Caroline Dudley Reagan, épouse de l’attaché commercial de l’ambassade américaine à Paris. Celle-ci devine son grand potentiel et lui offre un salaire de 250 dollars par semaine pour créer un spectacle musical en France, la "Revue nègre". Joséphine y tient un rôle phare. Ce spectacle fait d'elle une icône du courant musical jazz. Elle devient une star internationale.

Tout de suite charmée par le pays de Molière elle s'y installe et achète en Dordogne le château des Milandes en 1937 avec son troisième mari Jo Bouillon. Ils s'y marient en 1947.

En 1938, elle manifeste sa sensibilité au sort des Juifs confrontés à un antisémitisme croissant en Allemagne nazie. Durant la Seconde guerre mondiale, Joséphine Baker révèle une autre facette de sa personnalité : elle se bat pour la France en s'engageant dans les services de contre-espionnage de la Résistance. Elle transporte des documents secrets lors de ses tournées -cachés entre ses partitions- et récolte des fonds pour les actions résistantes. Elle est récompensée par :

. la croix de Lorraine en 1943 (qu'elle revend aux enchère pour accumuler des fonds)

. la médaille de la Résistance française avec rosette (en octobre 1946)

. les insignes de chevalier de la Légion d’honneur (en août 1961)

. et croix de guerre 1939-1945 avec palme (également en 1961)

De retour aux Milandes après la Seconde guerre mondiale, elle adopte avec son mari 12 enfants de différentes nationalité : sa tribu "arc-en-ciel". Au même moment, elle s'engage auprès de la LICRA (ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme). Elle soutient Martin Luther King Jr. et le mouvement des droits civiques qui promeut l'égalité de droits entre les Blancs et les Afro-Américains aux États-Unis.

En juin 1964, Joséphine Baker, criblée de dettes et ayant des problèmes avec le fisc, revend sa résidence.

Son existence s'achève le 12 avril 1975. Elle est alors âgée de 68 ans.

Selma B.

Sources :

"Joséphine Baker". Wikipédia [En ligne], dernière modification de cette page a été faite le 27 janvier 2022 . Consulté le : Décembre 2021. Disponible sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jos%C3%A9phine_Baker

BAQUEY, Cécile. "Joséphine Baker, une femme libre et militante". France info Outre Mer [En ligne], 26 septembre 2016. Consulté le : Décembre 2022. Disponible sur : https://la1ere.francetvinfo.fr/josephine-baker-une-femme-libre-et-militante-400857.html